L’île Maurice devient un nouveau pôle mondial pour les millionnaires

La nation insulaire attire un nombre record d’investisseurs fortunés et se positionne comme l’un des marchés de richesse à la croissance la plus rapide au monde. Selon les prévisions des analystes, d'ici 2033, le nombre de millionnaires à Maurice pourrait augmenter de 95%, dépassant les 10 000 personnes. Cette croissance rapide s’accompagne d’efforts à grande échelle de la part du gouvernement pour transformer l’économie et améliorer l’image internationale du pays.

Une oasis financière avec des ambitions

Le ministre des Services financiers, Jyoti Jitun, souligne que l'île Maurice n'est pas une zone offshore mais « une juridiction fiscale efficace ». Le système fiscal du pays offre un impôt sur le revenu forfaitaire de 20 %, aucun impôt sur les plus-values et les successions, et des conditions favorables pour les entreprises internationales. Toutefois, des experts indépendants notent qu’environ 2,3 % des flux financiers mondiaux vers les juridictions offshore passent encore par l’île Maurice. Le programme « visa doré » contribue également à l’afflux de capitaux, permettant d’obtenir un permis de séjour contre des investissements d’au moins 375 000 dollars.

L'immobilier de luxe comme moteur de l'économie

Le secteur de l’immobilier de luxe est le plus grand bénéficiaire des investissements étrangers. En 2024, il attire 73 % de tous les investissements directs étrangers du pays. Les prix des appartements de luxe dans la région de Grand Baie atteignent 5 000 $ le mètre carré. Des entreprises de construction de premier plan telles qu'Alteo investissent des sommes importantes dans le développement de complexes hôteliers fermés avec plages privées, terrains de golf et marinas. La plus grosse affaire de 2024 est la vente d'une villa de six chambres pour 13,6 millions de dollars à une famille européenne.

Défis sociaux et inégalités en matière d'infrastructures

Le développement rapide du marché de l’immobilier de luxe crée de nouvelles inégalités sociales. Les habitants locaux sont confrontés à des logements de plus en plus inabordables et les jeunes quittent le pays à la recherche d’un emploi. Les infrastructures dans certaines zones en dehors des zones touristiques restent sous-développées. Manisha Duhoni, de la société de conseil Mindex, met en garde contre le risque de fragmentation sociale et suggère de créer un fonds pour redistribuer une partie des revenus aux programmes sociaux.

Concurrence pour les capitaux mondiaux

L’île Maurice ambitionne de devenir une porte d’entrée vers l’Afrique pour les entreprises internationales. Le vice-ministre des Finances, Daneshwar Damri, annonce son intention d'attirer les sièges régionaux des sociétés multinationales. Cependant, des analystes comme Ronak Gopaldas de Signal Risk restent sceptiques : selon eux, l’île Maurice manque encore de l’échelle et des connexions mondiales nécessaires pour rivaliser avec des hubs mondiaux comme Dubaï ou Singapour. Alors qu’à Dubaï, les family offices gèrent des milliers de milliards de dollars d’actifs, l’île Maurice commence tout juste son chemin vers la pertinence financière internationale.

Basé sur des documents provenant de prianproperty.com